First of the series, Version 1.0 explored relationships between the computer and human logic of classification, archive and perception.
with Patrice Baizet, Claude Closky, Frank Fietzek, Claude Gaçon, Hervé Graumann, Jochem Hendricks, Geert Mul & Leon Dekker, Nathalie Novarina, Manfred Stumpf, Jean-Louis Boissier.
Version 1.0 versus 1.1
Plus nos connaissances augmentent, plus le monde se révèle complexe. Loin du rêve technicien d’une technologie qui résoudrait tout et qui permettrait d’atteindre une perfection, les nouvelles expériences qu’engendre le progrès changent surtout notre rapport au monde et posent donc à chaque fois de nouveaux problèmes. Les applications du progrès étendent concrètement et intellectuellement les limites du monde fini dans lequel nous sommes; notre perception du temps et de l’espace, notre relation aux choses s’en trouvent conséquemment modifiées. Plutôt que de rechercher une compréhension de ces transformations par un regard pragmatique, analytique ou explicite, il est passionnant de se pencher sur la démarche et le travail des artistes contemporains. Pendant que certains rêvent d’avoir des outils perfectionnés, une meilleure résolution de l’image, de plus grandes vitesses de calcul, certains artistes sont au contraire séduits, passionnés par leur état du moment. Ils préfèrent procéder par décalages subtils, pousser les limites des outils à leur portée avec une conscience aiguë. Une texture synthétique, des caractères en escalier, une trame grossière ont aussi leur intérêt et ils ne sont pas à prendre nécessairement comme des défauts. La puissance potentielle des caractéristiques propres à chaque outil peut être développée, travaillée comme une matière, de sorte à ce qu’elle réponde adéquatement aux sens de l’oeuvre. C’est sans doute pourquoi les artistes de cette exposition ne produisent pas exclusivement avec le même outil, mais qu’ils se tournent vers de multiples techniques, qui leur servent de cas en cas à exprimer au mieux leurs intentions. Ils préfèrent travailler avec des machines simples dont ils peuvent disposer avec une grande liberté, plutôt qu’avec des techniques qui seraient trop complexes pour être gérées de manière autre que superficielle. Ils traitent, biaisent les règles et les programmes, réinventent, démontent ces notions déjà débattues, liées à ce que l’informatique est: mémoire, ordre, logique, précision, mais aussi pouvoir, puissance, accessibilité ou interaction. De la sorte ces artistes ouvrent de nouvelles portes et proposent d’autres conceptions du monde; ils créent de nouvelles pièces qui restent à définir. Dans ce sens, leur attitude dépasse largement les enjeux liés aux mutations qu’apporte l’informatique, cela concerne l’individu face au monde qu’il crée et recrée sans cesse.