Heimo Zobernig : March 14 –May 23, 2012
  
  

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Heimo Zobernig, Untitled (LOVE/HATE), 2012

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Initialement influencé par la scène viennoise, en particulier les actionnistes, Zobernig s’est tourné vers l’art conceptuel et l’abstraction géométrique au début des années 1980. Il développe depuis, en explorant de nombreuses techniques (peinture, installation, scénographie, vidéo, graphisme), une recherche auto-réflexive qui interroge le vocabulaire et les formes issues de l’abstraction et du minimalisme.

L’œuvre de Zobernig est impensable en dehors du constat que l’abstraction est parvenue à un moment critique de son histoire. Dans chacune de ses interventions se joue donc la question de la survie de son vocabulaire, de sa valeur en tant que langage représentatif d’une position esthétique, de son autonomie ou de sa résistance à l’instrumentalisation. Ces questions expliquent la diversité de l’œuvre de H. Zobernig – comme s’il s’agissait, dans les contextes les plus variés, de mettre à l’épreuve les formes issues du modernisme abstrait.

En 1987, les peintures qu’il réalise multiplient encore les contrastes de couleurs. Par la suite son répertoire de formes s’épure radicalement et Heimo Zobernig travaille essentiellement dans un registre monochrome où dominent le noir, le blanc ainsi que des tons cassés ou éteints. Simultanément, il élargit profondément les supports de ses investigations : les plans colorés s’articulent par exemple en croix ou en forme de socle dont significativement la partie du bas, en contact avec le sol, reste vierge. Ils prennent alors une dimension sculpturale, mais le véritable enjeu de ce rapport à l’espace est plutôt d’ordre architectural comme le montrent l’escalier blanc exposé à Graz en 1990 (« o. T. », soit « Sans titre », comme la plupart de ses œuvres), le dispositif de cubes de carton recouverts de dispersion noire installé chez Sylvana Lorenz à Paris en 1991. Le plan peint suspendu au plafond et les miroirs présentés à la Galerie Peter Pakesch à Vienne en 1989 vont dans le même sens, mais ces derniers démontrent aussi que Zobernig n’hésite pas, comme Richter l’avait fait auparavant, à se confronter au ready-made. Lorsqu’il utilise la vidéo et le graphisme, c’est aussi pour en mesurer, avec la plus grande rigueur, le pouvoir de formalisation. La lettre (en l’occurence l’Helvetica extra bold que Heimo Zobernig s’est en quelque sorte appropriée) s’intègre alors toujours au contexte d’intervention, qu’il s’agisse d’un livre, d’une toile ou de la projection d’une diapositive ou d’un caisson lumineux.

Untitled (LOVE/HATE, 2012) fait référence à la peinture de Robert Indiana (LOVE, 1966) reprise plus politiquement par General Idea (AIDS, 1987) pour créer une dystopie, mixant les mots Love et Hate, en renversant la visée utopique de Indiana.