Gianni Motti : May 26 – September 6, 2015
  

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Gianni Motti : Think Tank, 2014

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Un think tank ou laboratoire d’idées est une structure généralement privée et indépendante, regroupant des experts et produisant des études et des propositions souvent dans le domaine des politiques publiques et de l’économie.
Think tank, terme extrait du vocabulaire du monde de l’entreprise et de la politique qui désigne ces laboratoires d’idées mis au service d’un parti ou d’une multinationale pour influencer ou modifer les opinions ou les habitudes. L’expression provient du vocabulaire militaire. Le think tank était une sorte de bunker où l’état-major faisait ses plans.
Les think tanks peuvent également avoir pour mission de générer une idée qui, stratégiquement communiquée, fera événement et viendra occulter des faits. Le Think Tank prend aujourd’hui souvent la forme de fondations privées qui exercent une influence déterminante pour infléchir un programme et une opinion publique. L’influence de certains intérêts privés sur les médias, via notamment les think tanks, a été étudiée par Noam Chomsky et Edward Herman dans leur livre La Fabrication du consentement, et théorisée en partie via leur modèle de propagande. Pour certains, les laboratoires d’idées sont particulièrement influents dans le réseau des médias pour diffuser de nouveaux schémas.
On observe par ailleurs une lutte mondiale entre les divers think tanks en vue d’imposer leur position sur un ensemble de problématiques stratégiques (défense, économie, monnaie, etc.).

Connu pour ses interventions soulignant les contradictions de notre société contemporaine, Gianni Motti a toujours remis en question l’autorité en rapport aux média, en utilisant le pouvoir que peut avoir l’humour de révéler des vérités. C’est dans cet esprit qu’il a remplacé le délégué indonésien lors de la 53ème séance de la commission des Droits de l’Homme à l’ONU en 1997, ou bien, en 2004, qu’il s’est installé dans la tribune VIP du tournoi de Roland Garros, la tête recouverte d’un sac, afin d’attirer l’attention sur le scandale de la prison d’Abu Ghraib. Il a ainsi joué de sa subtile ironie associée à une approche très libre de sa position d’outsider pour interroger le monde de l’art.
Motti a adopté une position ouvertement critique vis à vis de l’économie globale bien avant que la récession actuelle n’en fasse un sujet d’actualité. Lors d’Art Basel en 2005, il a réagi à l’atmosphère commerciale qui y prévalait en mettant en cage un trader sur le sol de Art|Unlimited. Son action reprenait ainsi la tradition de la sculpture vivante initiée par Piero Manzoni tout en offrant une image surréaliste mais frappante des limites du monde des affaires. La même année il réalisait un savon fabriqué à partir de la graisse provenant d’une liposuccion effectuée par Silvio Berlusconi dans une clinique suisse. Le titre “Mani Pulite“, fait explicitement référence à la gigantesque opération anti-corruption du même nom qui avait secoué l’Italie dans les années 90 et durant laquelle Berlusconi a été mis en cause à plusieurs reprises.

Certains classent l’œuvre de Gianni Motti dans la catégorie rebattue d’art politique, d’autres qualifient l’artiste d’activiste ou de « hacker du réel », d’autres encore le considèrent plutôt comme un agitateur ou un bouffon de l’art contemporain ; mais « être au mauvais endroit au bon moment », voilà la manière dont Gianni Motti aime à résumer son travail.